Messageries instantanées en ligne : un choix technique mais aussi éthique
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Alors que l’annonce par l’entreprise Whatsapp de la mise à jour de ses conditions d’utilisation, courant janvier 2021, a entraîné l’exode de millions d’utilisateurs vers des solutions alternatives, le parti EELV doit se positionner sur ce débat, en raison de la place importante des outils de communication en ligne dans son fonctionnement. Ces applications sont devenues un outil important pour mobiliser, pour débattre et pour organiser les actions, et ce à toutes les échelles du parti, depuis les groupes locaux jusqu’aux instances nationales.

Plusieurs critères doivent être pris en compte dans le choix d’un outil de messagerie, bien entendu la facilité d’installation et d’utilisation, mais aussi les fonctionnalités plus ou moins poussées, l’éthique qui détermine le développement et le financement de l’application, mais aussi la protection des données échangées. Précisons sur ce point qu’on parle de l’exploitation des méta-données liées aux messages envoyés et reçus, et non des contenus des messages eux-mêmes .

L’application WhatsApp est certes très populaire et très pratique au quotidien, mais son rachat par Facebook dès 2014 et désormais sa nouvelle politique de gestion des données personnelles nous invitent à la déconseiller fortement dans le cadre des activités du parti.

Les principales alternatives à WhatsApp sont actuellement Signal et Telegram, et dans une moindre mesure Wire ou Viber. Il existe également des systèmes de discussion plus avancés, comme Discord, Slack ou leur principale alternative opensource, Mattermost, mais qui sont plus orientés vers le travail d’équipe au long cours.

Après étude de chacune des applications par les membres du ComON, nous recommandons autant que possible le passage de WhatsApp à Signal.

Signal est non seulement une application gratuite et simple d’utilisation, mais elle est surtout indépendante des grands acteurs économiques et techniques du web, qui sont friants de récupérer les données personnelles de leurs clients pour les monétiser en échange des services proposés (ce sont les fameux « GAFAM » : Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft).

Développée sous la licence libre GPL3 et à partir du protocole d’échange crypté Open Whisper Systems, Signal s’appuie sur une fondation à but non lucratif, sur un modèle similaire à Wikipédia, la Signal Fondation, qui bénéficie de dons venus d’instituts et de fonds non gouvernementaux et indépendants des GAFAM, qui promeuvent la liberté d’expression et la protection des données personnelles.

Signal assure des échanges totalement sécurisés car chiffrés de bout en bout, depuis l’émission jusqu’à la réception des messages, et ne capte aucune donnée personnelle de ses utilisateurs et utilisatrices, à l’exception du numéro de téléphone nécessaire à la création du compte (c’est la seule donnée personnelle connue de l’application, même le nom utilisé et la photo de profil sont cryptés dès l’émission des messages, sans possibilité pour les développeurs de Signal d’y accéder).

D’un point de vue des fonctionnalités, Signal se rapproche beaucoup de WhatsApp et permet la gestion quotidienne de groupes de discussions même conséquents. Ces derniers mois les mises à jour de l’application ont été régulières et l’application est tout à fait stable, avec un accent mis sur la sécurisation des données.

Enfin, Signal peut être installée sur smartphone Android ou sur iPhone, et le logiciel Signal Desktop (pour Windows, Mac et Linux) permet de gérer ses messages depuis un ordinateur, sans avoir à vérifier au préalable la connexion de son smartphone à son ordinateur, contrairement à l’application pour bureau de WhatsApp qui ne peut pas fonctionner si le smartphone n’est pas juste à côté de l’ordinateur.

Attention, c’est aussi une contrainte de cette appli, comme de la quasi totalité des outils d’échanges instantanés : pour être utilisées, il faut créer un compte depuis leur version mobile, dont bénéficier d’un smartphone et d’un abonnement téléphonique. Cela peut paraître curieux à certain-e-s, mais on a parfaitement le droit de ne pas vouloir utiliser ce genre de téléphone, de leur préférer un « feature phone » (un téléphone plus simple, aux capacités réduites) ou choisir de ne pas avoir du tout de téléphone mobile.

Pour aller plus loin :

Un article du Monde sur les conséquences des nouvelles CGU annoncées par WhatsApp : WhatsApp : pourquoi un tel exode des utilisateurs (lemonde.fr, 18 janvier 2020),

… et un autre qui compare les applications de tchat : Signal, Viber, Discord… Le guide des applications à choisir pour remplacer WhatsApp, en fonction de vos usages (lemonde.fr, 22 janvier 2021)

Un article de Numérama sur l’application Signal en particulier : Tout comprendre à Signal, la messagerie préconisée par Edward Snowden (8 janvier 2021)

Un tutoriel : Réussir la migration de boucles WhatsApp vers des groupes Signal (sur le site personnel de Grégory Gutierez, membre du ComOn).

Enfin, pour les geeks et les curieux, un tableau qui compare les diverses solutions de tchat en ligne, notamment du point de vue de la sécurisation des données, du modèle économique, de la technologie de chiffrement utilisée, etc. : Secure Messaging Apps Comparison (en anglais).